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Près
de deux heures. C’est la durée de l’émission spéciale co-produite et
réalisée par la TVM et TV Plus Madagascar. Diffusée en direct,
simultanément sur ces deux chaînes publique et privée, avec comme
invité, Andry Rajoelina, en tant que président de la Transition. Journaliste de la soirée : notre consoeur Onitiana Realy.
Je ne vais pas faire un résumé mais me focaliser sur un point qui concerne l’avenir du pays tout entier, dans le volet « gouverner, c’est prévoir ».
Il apparaît que le Président de la Transition connaît l’Histoire
politique malgache des cinquante dernières années sur le bout des
ongles. Effectivement, ce sont toujours des élections présidentielles
qui ont amené le pays dans une situation de crise : 1972, 1991, 2002,
2009. L’élection présidentielle a toujours précédé les élections
législatives qui, elles, n’ont jamais souffert d’aucune contestation.
Le
Président Rajoelina a rappelé qu’en 2002, Marc Ravalomanana n’avait
jamais été élu au premier tour, mais il avait eu l’appui de la
population d’Antananarivo pour réaliser son forcing. Cela ne lui aura
servi à rien car, comme tous ses prédécesseurs, élu démocratiquement, il
n’a pas terminé son second mandat. Quelle a été la cause commune de la
chute similaire de Tsiranana, Zafy, Ratsiraka par deux fois et
Ravalomanana ?
« Les
élections présidentielles ont toujours été la source des crises
post-électorales que le pays a traversé. Cela en est même devenu
cyclique. Un grave danger nous menace, si l’on garde l’ordre du
calendrier sorti récemment par la CENI-T et la communauté
internationale. A savoir : présidentielle puis second tour jumelé aux
législatives. Si le second tour n’est pas à l’abri d’éventuelles
contestations, celles-ci risquent d’être amplifiées au niveau des 119
districts électoraux. Imaginez, dès lors, 13.000 éléments des forces de
l’ordre que compte le pays, face à des millions de contestataires à
travers l’ensemble du pays. Car jamais les perdants ne se résigneront ».
Et
il a donné l’exemple de la Côte d’Ivoire qui avait reçu 300 millions
d’euros des bailleurs de fonds, avec l’utilisation des moyens électoraux
les plus modernes. Mais Laurent Koudou Gbagbo du Front populaire
ivoirien (FPI) refusa sa défaite, face à Alassane Ouattara, du Rassemblement des républicains (RDR). La véritable histoire est la suivante :
Laurent
Gbagbo et Alassane Ouattara. Cette photo me fait penser à Didier
Ratsiraka et Marc Ravalomanana, à Dakar en 2002. Ce dernier a dit « OK » pour un second tour, mais une fois rentré au pays, il a annoncé son « premier tour dia vita ! », avec l’appui de la population d’Antananarivo et la complicité d’une Haute Cour Constitutionnelle remaniée. Sa « pacification »,
en 2002, avec des réservistes a causé de nombreux morts… Mais Ratsiraka
aura été le roi de la destruction de ponts entourant Antananarivo, pour
l'asphyxier économiquement.
L’élection
présidentielle de 2010 que Gbagbo -Président sortant- avait repoussée
six fois, s’est déroulée en deux tours (31 octobre et 28 novembre). Le 2
décembre 2010, Alassane Ouattara est proclamé 4è président de la Côte
d’Ivoire, avec 54,10%. Or, le Conseil constitutionnel invalida les
résultats dans les régions du nord du pays et annonça la réélection de
Laurent Gbagbo avec 51,45%. Tous les deux prêtèrent serment le 4
décembre 2010.
Ce n’était pas à Antananarivo mais à Abdijan, le 19 novembre 2010
Or, si Gbagbo avait le
soutien du Conseil constitutionnel, Ouattara, lui, avait l’appui de la
Communauté internationale. Qui demanda le retrait du président sortant.
Mais Gbagbo refusa de quitter son poste. De décembre 2010 à début avril
2011, la Côte d’Ivoire s’enfonça dans une guerre civile. Bilan : 3.000
morts. C’est le 11 avril 2011 que Gbagbo fut arrêté par les éléments
armés de Ouattara dont l’investiture eut lieu à Yamoussoukro, le 21 mai
2011. En tout cas, Madagascar a battu le record car c'est « seulement » la troisième élection présidentielle en Côte d’Ivoire qui entraîna des conflits après celles de 1995 et 2000. Mais
il y a eu un responsable présumé. En effet, le 5 décembre 2011, Laurent
Gabgbo comparaît, pour la première fois, devant la Cour Pénale
Internationale (CPI) de La Haye. Ce mois de février 2013 est prévue la
tenue de l’audience de confirmation des charges retenues contre lui…
Pour en revenir à Madagascar, aucun président ne s’est senti responsable des crises engendrées par leur chute. Et
c’est pour éviter que la Grande île ne vive ce qui s’est passé en Côte
d’Ivoire que le président de la transition, Andry Rajoelina, a proposé
-depuis 2009- l’organisation des législatives avant la présidentielle. « Cela
permettra de mieux cerner les rapports de force existant et de
permettre aux partis politiques de juger leur propre force respective
pour l’élection présidentielle ».
Les
candidats à la prochaine présidentielle malgache, qui se sont déjà
déclarés : en haut, de g. à dr.: Pierrot Rajaonarivelo, Patrick
Raharimanana, Avoko Rakotoarijaona, Guy Rajemison Rakotomaharo, Jean
Lahiniriko. En bas, de g. à dr.: Laza Razafiarison, Monja Roindefo,
Cohen Rivolala, Roland Ratsiraka, Sarah Georget Rabeharisoa. Et ce n'est sûrement pas fini...
A mon sens, au vu des candidats déjà déclarés et de leur nombre, le danger d’une « ivoirisation »
est réel. En effet, la majorité de ces candidats n’a aucune base réelle
dans les circonscriptions électorales. A vous de deviner la suite, dans
un pays ou le retournement de veste est devenu une véritable manière de
faire de la politique… C’est l’avenir de Madagascar qui est donc en
jeu. Passer encore son temps à de dire du mal, les uns des autres,
aborder des faux problèmes sur base de calculs d’intérêts personnels
n’empêchera pas l’inéluctable : oui, les Malgaches iront aux élections.
Mais quelles élections et ensuite ? Les regrets ne viennent qu’après et
les morts ne ressuscitent jamais.
Jeannot Ramambazafy – 9 février 2013


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